Parution de ma traduction de l'essai de Lila Caimari, La Cité du crime. Buenos Aires, 1880-1940, chez CNRS éditions, Paris, 2019
Buenos Aires, la cité du crime. Ville portuaire aux bas-fonds menaçants,
trottoirs aux mains des pickpockets, arrière-cours transformées en
coupe-gorge, parfum de débauche et de transgression... De la Belle
Époque à la fin des années 1930, la capitale argentine a joué à se faire
peur. Chaque matin, la presse populaire inonde la ville d'histoires
imprégnées de sang frais, pour la plus grande délectation d'un public à
la recherche de sensations fortes. C'est cette relation collective à la
peur, cette curiosité morbide attisée par les titres à grand tirage, le
cinéma, la radio, qu'étudie Lila Caimari dans cet essai à mi-chemin
entre l'histoire des mentalités et l'anthropologie du crime.
Figures du cambrioleur, de l'arnaqueur, de l'anarchiste, du " pistolero
", du criminel " passionnel "... Autant de constructions sociales
donnant à lire l'imaginaire d'une société qui, à travers ces modèles,
révèle ses propres hantises face à l'immigration massive, le
matérialisme, l'affaiblissement de la religion, les changements dans la
morale sexuelle... Autant d'enjeux venant éclairer à nouveaux frais les
formes du contrôle social et les entrelacements noués entre peur du
crime et critiques de la modernité.
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