17/10/16

Extracto de una traducción (literatura) / Extrait d'une traduction (littérature)


"C’était une vieille maison, mais bien tenue. Elle avait appartenu à une congrégation de bonnes sœurs qui en avaient fait un hospice pour vieux. Dans les chambres, il y avait des sonnettes inutilisables et des portes condamnées qui avaient servi à raccourcir le chemin. Elle se trouvait au coin des rues Carlos Calvo et Tacuarí, et si sur Tacuarí régnait encore une certaine ferveur commerçante provenant du centre, sur Carlos Calvo, mis à part une épicerie, un supermarché chinois et un parking,  il n’y avait que des maisons squattées et des maisons insquattables. La chambre individuelle que j’avais obtenue au premier étage pour deux cents pesos, avait une fenêtre qui me permettait de voir Carlos Calvo jusqu’au Bajo. De ce côté-là, un seul édifice, au milieu du pâté de maisons, représentait la seconde moitié du XXe siècle. Tous les autres formaient un horizon de terrasses sur lesquelles s’accumulaient des meubles inutilisés, des caisses de bouteilles, des baignoires et de vieilles antennes de télévision. C’était ça mon paysage. Désormais, moi aussi je devenais l’un de ces fantômes que quiconque passerait dans la rue regarderait avec appréhension. Il regarderait du coin de l’œil en espérant que le fantôme fût un fantôme. Que sa misère, son ennui ou sa douleur ne fussent pas de ce monde. Je m’éloignai de la fenêtre et me collai contre l’une des portes condamnées pour écouter. De l’autre côté, aucun bruit de montait. En bas, Vicky, la gardienne, se disputait avec Juan."


"Era una casa vieja pero cuidada. Había pertenecido a una congregación de monjas que la usaba como asilo de ancianos. En los cuartos había timbres inservibles y puertas clausuradas en casi todas las paredes, que alguna vez acortaron los caminos. Estaba en la esquina de Carlos Calvo y Tacuarí, y si bien sobre Tacuarí todavía se extendía cierto afán comercial proveniente del centro, por Carlos Calvo, salvo un almacén, un supermercado chino y un estacionamiento, sólo había casas tomadas y casas intomables. La habitación individual que había conseguido por doscientos pesos en el primer piso tenía una ventana que me permitía ver Carlos Calvo hacia el Bajo. Para ese lado, un solo edificio en la mitad de la cuadra representaba a la segunda mitad del siglo XX. Todo lo demás era un horizonte de terrazas en las que se acumulaban todo tipo de muebles en desuso, cajones de botellas, bañaderas y viejas antenas de televisión. Ése era mi paisaje. Ahora yo también empezaba a ser uno de estos fantasmas que quien pasara por la calle miraría con aprensión. Miraría de reojo esperando que ese fantasma fuera un fantasma. Que su miseria, su aburrimiento o su dolor no fueran de este mundo. Me alejé de la ventana y me apoyé sobre una de las puertas clausuradas para escuchar. Del otro lado no se oía nada. Abajo, Vicky, la encargada, discutía con Juan."

Ricardo Romero, "Habitación 22 (San Telmo)", in Buenos Aires/ Escala 1/1, Buenos Aires, Entropía, 2007. 
"Chambre 22 (San Telmo)", traduction publiée dans la revue littéraire Rue Saint-Ambroise, n°22, Paris, 2008.


 

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